Le samedi 9 septembre 1820, le commissaire français, le marquis de Montchenu exige de nouveau du gouverneur qu’il puisse voir Napoléon. Lowe trouve la parade en lui opposant une multitude de procédures administratives préliminaires dont il était le maître.
Suite à la demande de certains lecteurs, je reviens donc sur l’affaire.
Napoléon avait formellement refusé de recevoir les Commisaires en leur caractère officiel et comme représentants des puissances ; les commissaires, à leur tour, ne voulaient pas, ou ne croyaient pas pouvoir lui rendre visite, comme simples particuliers. Réduits, par conséquent, aux commérages et aux cabales, ils avaient causé beaucoup de trouble à sir Hudson Lowe, par leurs tentatives répétées pour entrer en communications illicites avec les familles de Longwood. Les commissaires russe et autrichien étant maintenant partis, toute l’importance et toute la dignité de leurs fonctions se trouvaient concentrées dans la personne du marquis de Montchenu qu’enflait un sentiment exagéré de sa responsabilité.
Dans les premiers jours de septembre, il crut devoir informer le Gouverneur de sa ferme résolution d’exécuter les instructions qu’il avait reçues du duc de Richelieu, en avril 1819, et qui lui ordonnaient de voir les Français de Longwood pour obtenir d’eux des informations sur Bonaparte, Sir Hudson Lowe ne fut pas moins net dans son refus de consentir à cela. Alors le pauvre marquis essaya de l’effrayer par une longue lettre, datée du 7, où, après avoir fait ressortir sa propre inviolabilité, et dit qu’il ne devait compte de ses actions qu’au Roi son maître, il déclara de la manière la plus solennelle sa résolution d’aller â Longwood, le premier beau jour. « Et si contre toute vraisemblance, ajoutait-il, vous me faites fermer la barrière par une sentinelle, vous savez que je ne sais pas l’anglais, et que, par conséquent, je ne pourrai comprendre ce que la sentinelle dira ; mais je n’en passerai pas moins, dût-elle me tirer un coup de fusil qui aurait bientôt des échos dans toute l’Europe ! »
Le marquis se trompait fort dans son appréciation du caractère de l’homme auquel il avait affaire, lorsqu’il croyait ainsi l’émouvoir. Le Gouverneur ne céda pas, et le résultat de sa fermeté fut des ouvertures plus pacifiques du même marquis de Montchenu, qui, « la crête basse, » dit à sir Hudson Lowe qu’il attachait le plus grand prix à son estime et ne parla plus de son héroïque dessein.
Napoleon 2021
2021 Année Napoléon